La population française a la chance de disposer, dans sa très grande majorité, d’une eau courante de grande qualité. Pourtant, nous restons de gros consommateurs de bouteilles d’eau, peu écologiques. Analyses et solutions pour étancher sa soif en mode zéro déchet.
Les mirages marketing de l’eau en bouteille
C’est un paradoxe que soulignent les études sérieuses : environ un tiers des Français continuent de boire de l’eau en bouteille plutôt que celle du robinet. « Et c’est historique », selon Julie Mendret, docteure en génie des procédés de l’environnement et maître de conférences à l’université de Montpellier. « Pendant des années, les campagnes marketing nous ont présenté l’eau en bouteille comme un produit très bon pour la santé, voire comme un médicament. Pour beaucoup d’entre nous les préjugés sur l’eau courante sont tenaces », précise la spécialiste, qui vient d’écrire un article sur le sujet avec sa consoeur Alice Schmitt.
98% des habitants reçoivent une très bonne eau courante
Les Français ont pourtant beaucoup de chance : « dans la totalité des villes de plus de 50 000 habitants l’eau du robinet est d’une grande qualité microbiologique », observe Julie Mendret. L’association de consommateurs UFC Que-Choisir le confirme dans une récente étude, qui montre par exemple que l’eau est excellente en Île-de-France.
« Au total, 98 % des Français disposent d’une eau courante d’une grande qualité », ajoute la chercheuse, Quid des 2 % restants ? « Il s’agit essentiellement de petites communes, dans lesquelles les Agences régionales de santé (ARS) vont ponctuellement conseiller à la population de ne pas boire l’eau du robinet », explique Julie Mendret. « Ces recommandations s’expliquent souvent par la présence de nitrates ou de pesticides, liée à certaines activités agricoles. »
Pesticides au robinet, microplastiques dans les bouteilles
Un risque de contamination aux pesticides dont l’ampleur aurait jusqu’ici été sous-évalué, selon une récente enquête, très commentée, du quotidien Le Monde. La raison ? La présence de certains métabolites de pesticides n’a commencé à être surveillée par les agences régionales de santé (ARS) qu’à partir de 2021. Le pourcentage de Français ayant reçu ponctuellement de l’eau du robinet non conforme aux critères de qualité est ainsi passé de 5,9 %, en 2020, à 20 %, en 2021, avec des pics préoccupants dans certaines régions, comme les Hauts-de-France ou la Bretagne.
Retour à la case plastique ? Pas si simple, selon Julie Mendret : « Il est aussi avéré que l’on trouve, dans l’eau des bouteilles, des microplastiques, qui contiennent des perturbateurs endocriniens. » Mieux vaut donc autant que possible éviter les bouteilles et leur préférer les gourdes et bouteilles isotherme à remplir au robinet.
Et si l’eau a mauvais goût ?
Les deux tiers de l’eau que nous consommons en France viennent des nappes phréatiques (les eaux souterraines) : ils ont le plus souvent subi un traitement simple, comprenant filtration, décantation et désinfection. Le dernier tiers des ressources provient des eaux de surface (rivières, fleuves…), qui sont directement alimentées par les précipitations et ruissellements, et sont donc plus complexes à traiter : en plus de la chloration, l’eau subit ici des traitements à l’aide d’ozone, de charbons actifs ou de membranes. Cela peut donner un léger goût à l’eau.
Ce goût vous gêne ? Il n’a rien de nocif et s’explique par la présence de chlore dans l’eau. « Si cela vous dérange, il y a une technique assez simple qui consiste à mettre l’eau en carafe et à la laisser reposer une heure environ. Ce petit goût qui vous déplaît va disparaître… », assure Julie Mendret. Les perles purificatrices d’eau peuvent être une autre solution pour ôter le goût de l’eau. Ces petites perles de céramique à placer au fond d’une bouteille, d’une carafe ou d’une bouilloire aident en outre à atténuer le calcaire et les traces de nitrates ou d’ammonium.
Astuces pour fans de bulles
Vous en pincez pour les eaux gazeuses pétillantes ? Les canettes et bouteilles ne sont pas la seule solution. On trouve de nombreuses machines pour gazéifier l’eau à la maison : elles n’utilisent pas d’électricité et nécessitent d’installer un cylindre de CO2 alimentaire (consignable) pour gazéifier jusqu’à une soixantaine de litres issus du robinet. Une fois les bouteilles d’eau éliminées, les plus audacieux et audacieuses ont pu apprendre au MAIF Social Club à remplacer leurs sodas et jus industriels par des boissons naturelles, fruitées et pétillantes, à fabriquer soi-même. Découvrez les ateliers du moment pour les petits et les grands (inscription gratuite) au MAIF Social Club !